Projets artistiques 2024 « Dansons sous la pluie »

Projets artistiques

Le thème 2024 est Dansons sous la Pluie !
12 artistes sont invités à créer une œuvre autour de ce phénomène météorologique et du rapport que l’Homme entretient avec ce dernier.
Les projets pédagogiques et l’intervention de médiation Dialogue d’images sont présentés en bas de cette page.

Anaïs DUNN

Verre, tubes métalliques, pompes à eau
100x200cm

Brouillard dans la montagne rend hommage au recensement d’eaux de sources sacrées, connues pour leur vertu curative ou de purification, récoltées par Daniel Spoerri dans 117 fioles présentées dans La Pharmacie Bretonne en 1981. L’eau de pluie est pour l’artiste un symbole de vie et de régénérescence. Le titre Brouillard dans la montagne est emprunté à une peinture de paysage de l’artiste chinois Fa Ruozhen datant du XIV° siècle et représentant des montagnes chargées d’humidité. L’installation présentée ici fait référence au culte du paysage, tel un paysage fantasmé dans les nuages, nuées, brumes ou brouillard, associant la hauteur des montagnes à l’abondance de la végétation sauvage et luxuriante.

L’œuvre est composée d’une structure de tubes métalliques permettant l’acheminement de l’eau vers des nuages de verre soufflé. L’eau est activée à l’aide de plusieurs pompes qui remplissent les globes de verre à différents niveaux. Le liquide voyage de la fontaine vers la tuyauterie métallique, s’attarde dans les nuages pour ensuite retomber en pluie fine dans la vasque de la fontaine. Nous pourrons ainsi observer et apprécier la beauté optique du liquide. Cette installation en totale transparence, parcourue par une eau vivante, est symbole de légèreté, mais également de vie et de biodiversité : il se pourra que des algues ou micro-organismes se développent à l’intérieur des globes de verre, ajoutant la biologie du vivant au cycle de l’eau.

Profondément marquée par l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, Anaïs Dunn s’emploie à comprendre les mécanismes et les effets systémiques à l’œuvre sur notre planète. Elle développe un travail artistique autour de la matière, ses recherches l’amenant à produire des dispositifs expérimentaux complexes. L’artiste porte son attention sur les qualités intrinsèques des matières, leur poids, leur chaleur, leur déplacement dans l’es pace, leurs reflets et leur transparence En découlent les questionnements et les valeurs dans les quels Anaïs développe son territoire de recherche.

Anaïs Dunn vit et travaille à Bourges.

Alexia CHEVROLLIER

Vidéo HD / couleur / sonore / 7’24
Papier à cigarette, eau.

Prises de vues réelles en studio.
Composition musicale : Karima Agha, Alexia Chevrollier.
Interprète piano : Karima Agha
Finaliste du prix international « Talents contemporains 2013 » François Schneider, sélection vidéo.

Un plan de groupe en guise de présentation. Une image furtive qui nous laisse apercevoir des formes humaines, singulières mais impersonnelles. Elles ne portent aucun signe distinctif et, malgré tout, chacune d’entre elles est unique. Cette impression est confirmée lorsqu’elles commencent à se mouvoir curieusement, et individuellement. Mais, mis à part les notes de piano qui s’élèvent en parallèle, rien ne semble avoir initié ces gestes. Et c’est alors qu’on aperçoit la première goutte d’eau tombant sur le bras d’une des danseuses d’Alexia Chevrollier. Gorgé de liquide, le membre s’étire et retombe, tout gonflé qu’il est, alourdi par une densité qu’on ne prête habituellement pas au papier. L’artiste a passé un marché avec ces ballerines : elle leur donne la vie et, ce faisant, les condamne à mort. L’eau est la substance qu’elle a choisie pour mener à bien cette double entreprise.

Face à l’écran, on pourrait ne retenir que la destruction des corps. Mais cette oeuvre est bien plus le témoignage d’un processus d’altération de la matière, un processus qui demeure imprévisible. Comment ces pièces de papier à cigarette, tordues, sculptées jusqu’à devenir des danseuses vont-elles se déliter ? Comment ces corps si familiers, si imposants à l’image et pourtant si fragiles à l’oeil, vont-ils se désagréger ? Alexia Chevrollier, à l’origine de la rencontre entre ces matières, accompagne la démarche jusqu’à une limite tracée par l’eau elle-même.

Formée en arts visuels (ENSA Dijon, 2012), Alexia Chevrollier est une artiste qui expérimente. Elle éprouve en effet des matériaux à travers le développement d’une pratique pluridisciplinaire, souvent collaborative, mêlant sculpture, peinture, vidéo, photographie et installation. Son travail a été montré dans de multiples expositions collectives et personnelles en France (Centre Pompidou-Metz, Le Parc Saint Léger-Centre d’art contemporain, Galerie Bertrand Grimont, La Villa Belleville, ART-O-RAMA, Galerie Interface, La Cantine d’art contemporain…) et à l’étranger (Les Brasseurs art contemporain – Liège, Centre culturel Métaculture – Kiev). L’artiste a également été lauréate et finaliste de plusieurs prix (lauréate du prix Jeune Public du CRAC 2018 et du prix Jeune Talents Côte-D’or 2013, finaliste de Talents Contemporains 2013 de la Fondation François Schneider…) et a réalisé plusieurs résidences de recherche et de création (Prismes, La Villa Belleville, Light Cone…).Alexia Chevrollier et née en 1989 à Sens. Elle vit et travaille à Pessac

Cécile MEYNIER

Dispositif activé par une performance le 23 juin à 15H
Céramique, bois, moquette, aluminium

« Clac, chante & pleure » est un projet de performance qui repose sur l’activation d’un dispositif sculptural. L’idée est de remixer le célèbre passage du film « Singin’ in the rain » interprété par Gene Kelly en revisitant cette danse de manière décalée, drôle, poétique et déstructurée. « Clac » fait référence aux claquements des claquettes que l’artiste aimerait chausser pour cette action. « Chante & pleure » fait référence aux « chantepleures » (arrosoirs datant du Moyen-âge qui servaient à arroser les semis), objets revisités par Cécile Meynier pour l’occasion.

Cécile Meynier pratique la sculpture avec une spécialisation céramique, qu’elle injecte dans des installations et qu’elle active via des performances. Elle aborde des questions fondamentales aussi bien liées au rapport que l’on entretient avec les objets du quotidien, qu’à l’origine du geste créateur, au statut de l’œuvre d’art et à sa tradition qu’elle s’amuse à déjouer et à démystifier. Les questions de l’utilitaire et de l’usage autour de la pièce en céramique sont convoquées incluant soudainement le corps et le geste ainsi qu’une certaine oralité dans sa pratique, comme un besoin de rompre avec le silence de la sculpture. Le volet performatif lui permet d’habiter son œuvre et de la faire basculer du formel au vivant. L’accumulation des couches à la fois visuelles, sonores et pluri-sensorielles (voix, eau, vent, feu parfois) et le recours à la vidéo invitent à une narration déstructurée et à la fiction.

Eléonore DUMAS

Performance proposée le 14 Juin à 18H30, place des Tilleuls

Eléonore Dumas alias Eol, est une artiste protéiforme. À la croisée entre arts plastiques et photographie, ses
créations interrogent le rapport de l’être humain à son environnement. Elle s’inspire de traditions et de
légendes pour donner vie aux reliquats inanimés de la société de consommation. De sachets en poissons, de
filets en nymphe, elle collecte les petits riens et les assemble couche après couche pour donner corps à un
bestiaire de monstres et de merveilles. Plus récemment les images produites par la science l’attire par leur
esthétisme déroutant et les possibles dont elles témoignent. Par la photographie, l’installation ou la
performance, elle anime un théâtre étrange et hors du temps pour proposer une interprétation poétique du
monde entre mythe et onirisme.
Née à Mulhouse en 1982 elle s’intéresse au monde des arts sans trop savoir quoi y faire. Pas à l’aise en dessin,
danseuse et musicienne au rythme décousu, elle expérimente le théâtre et rencontre finalement la
photographie au lycée. Avec ce médium elle trouve tout se dont elle avait besoin pour donner corps et partager
sa lecture du monde. Eol s’est formée aux arts plastiques à l’Université de Strasbourg puis à la photographie à
l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Son approche n’a jamais vraiment collée avec la vision
de cette formation, mais elle y a appris à travailler la lumière, la mise en scène et a choisie d’explorer la
matière. Assez réfractaire au numérique dans ses premières années, elle en use aujourd’hui pour partager le
monde qu’elle rêve à partir d’un fruit pourri, d’une fleurs séchée ou d’un tas de plastique abandonné.
En 2003 elle découvre le monde de la médiation culturelle avec le parcours de la Fête de l’Eau à Watwiller. Dès
lors elle se tourne vers l’intervention artistique. L’art et la culture sont pour elle de formidable outils de
rencontre et d’ouverture au monde. Consciente que le monde ne changera pas par le simple fait de créer et
d’exposer, elle s’implique auprès de publics fragilisés par la vie. Cette part de son métier lui permet d’avoir une
action concrète. Dans ses ateliers elle propose à chacun de se rencontrer et d’expliciter son propre regard sur
le monde par le biais de la création contemporaine. Actuellement en formation d’art-thérapeute avec
l’association du M.A.T, afin de mieux se connaître et de mieux accompagner les personnes avec qui elle
travaille, elle développe, en parallèle, des projets de performance sur les violences que nos modes de vies
imposent aux corps humains et aux écosystèmes. Sa pratique se nourrie de ses convictions et de ses valeurs.
Écologiste, locavore et végétarienne elle questionne l’empreinte indélébile que nous laissons dans notre
environnement et les relations que nous entretenons avec nous même et avec autrui. Par le truchement des
arts numériques et de la performance elle a à cœur de nous renvoyer à nos systèmes quotidiens et à nos
automatismes.
Depuis 2013 son travail photographique se vide peu à peu de ses personnages qu’elle anime en performance
pour questionner notre rapport à l’étrange, à l’étranger et l’importance de la présence à l’autre. Son installation
«Erika» à l’Etapenstall d’Erstein et sa résidence à Mutzig en 2014 l’amène sur des projets transdisciplinaires
mêlant installation, photographie, musique et performance. L’animation de ses personnages dans l’espace lui
permette d’investir les lieux, la rue et de sortir d’un rapport à la création frontal et statique.
Actuellement ses projets sont de l’ordre du faire avec. Créer avec du public, investir des espaces et des thèmes
avec ceux qui les vivent, donner une visibilité et une existence aux souffrances silencieuses qu’elles soient
vécues par des êtres humains ou par l’environnement que nous habitons

 

Anna VOREUX

Installation
Bois, fil de nylon, pastel sur papier coton, 
250 x 180 x 100 cm

Une des origines du verbe danser proviendrait du haut allemand dansôn « tirer », lui-même issu d’une variante de l’ancien haut allemand dinsan « tirer, étendre ». Mais cette hypothèse présente des difficultés sémantiques et il faut alors supposer que la danse était une sorte de ronde où les danseurs tournaient en s’entraînant.  La ronde est la forme la plus ancienne de danse connue et serait commune à toute l’humanité.  Cette installation est une danse qui a été. Les corps sont suggérés par les papiers, par l’analogie de forme entre les branches et les jambes et par les traces de pieds dans la boue. C’est un instant figé de la rencontre entre la pluie et les énergies individuelles ne formant plus qu’un seul élément. En tant que fille d’agriculteur, Anna Voreux se souvient de la tension à certaines périodes de l’année où l’arrivée de la pluie était tant redoutée. Ici, ce serait une ronde festive, après les semis, où l’eau vient réveiller la graine déposée dans le sol. Une union entre les corps, traversés par un même flux, qui reçoivent, tout comme la terre, cette pluie source de vie.

Hermine ANTHOINE

Installation composée de sculptures réalisées avec la participation du public
Plâtre, blanc de Meudon et cire

« Interception » désigne en météorologie le processus naturel par lequel une partie des précipitations est captée et retenue par la végétation, puis évaporée sans avoir atteint la surface du sol. A l’ère de l’anthropocène où l’eau est devenue un enjeu majeur, l’artiste souhaite mettre en exergue comment l’Homme peut « recueillir » la pluie, littéralement à l’échelle de ses seules mains. Sa conception est une transposition avant tout poétique, à partir de la prise d’empreintes de différentes mains, en « geste de recueil » ; geste que l’on fait quand on n’a d’autre réceptacle que son propre corps : un geste réflexe mesuré, parfois vital et rituel (don, prière). Hermine Anthoine est venue en résidence de création courant Avril 2024 pour fabriquer ces sculptures avec le concours des habitants de Wattwiller comme elle le souhaitait au départ du projet.

 

Hermine Anthoine revendique le dialogue entre la sculpture et l’univers de son enfance à la montagne. Dans ce milieu marqué par l’interaction permanente entre l’homme et la nature, elle délocalise des éléments du champ rural vers le champ sculptural. Ainsi se crée un univers empreint de poésie et de fantastique, de délicatesse et de gravité, d’humour et de tragique, dont elle façonne un équilibre esthétique et arborescent. Le travail d’Hermine Anthoine est exposé régulièrement en France ainsi qu’ en Allemagne et a intégré nombreuses collections privées telles que Julia Stoschek à Düsseldorf, Klaus Lafrenz et Rik Reinking à Hamburg, Rebecca Goldberg à New York, le Musée d’Art Moderne de Bremen ; et plus récemment la collection Hanna à Beirut. En 2020, Hermine Anthoine a intégré la galerie Eko Sato.

Kiki DeGonzag & Florent Ruch (Collectif Wandern)

Série de 5 photographies N/B
50 x 70 cm

“TLALÖK”, une déesse imaginaire de la Germanie antique. Cousine du dieu aztéque Tlalok, elle est la déesse de la pluie et de la fertilité. La légende dit qu’elle punit les hommes de maltraiter la terre en laissant la sécheresse s’installer. Elle n’apparait aux mortels que dans l’eau : sous une pluie intense, dans une rivière, une cascade ou certaines fontaines. L’Alsace, les Vosges et la Forêt Noire regorgent de lieux où l’onde cosmo-tellurique est très forte. On y trouve des pierres levées, des dolmens ou des amas rocheux exceptionnels. Les anciens vénéraient ces sites et en prenaient soin. Les premiers chrétiens se sont emparés de ces hauts lieux vibratoires et y ont bâti des chapelles, des monastères ou des églises. Encore de nos jours, des milliers de promeneurs viennent visiter ces endroits pour se “recharger”. Certains chercheurs ont également mesuré l’onde cosmo-tellurique de chacun de ces lieux.

Le personnage de Tlalök, mis en scène dans ces hauts lieux vibratoires prend une nouvelle dimension par le filtre de la photographie. L’acte de photographier ces moments sur support argentique donne à ces scènes une dimension immuable : le lien entre la performance, l’imaginaire et le lieu crée un nouveau sacré.

Le collectif Wandern est issu de la rencontre entre l’artiste Kiki DeGonzag et le cinéaste Florent Ruch en 2020. De cette première collaboration s’est créée l’œuvre « Quality Time Remains ». Depuis, leur réflexion s’est précisée dans un travail de recherche et d’expérimentation autour de l’objet visuel (cinématographique et photographique) comme œuvre inédite liée à la performance éphémère au-delà du simple témoignage. « Wandern » signifie pour ce duo le cheminement tel le voyage du randonneur avec l’idée que le processus est aussi important que la destination.

Kiki DeGONZAG et Florent RUCH s’inspirent d’images oniriques, de rituels intimes, de mythes individuels qui prennent forme dans l’entrelacs des croyances dominantes et des rites identifiés. Ce duo d’artistes désire ancrer les folklores imaginaires de Kiki (personnages, costumes et danses) dans une narration et des paysages forts. Depuis 2009, Florent a déjà réalisé une partie de son travail photographique dans certains de ces lieux, en Alsace et dans les Vosges.

Eric Androa MINDRE KOLO

Performance proposée lors du finissage le dimanche 23 juin. 

 

Né en 1983 en République démocratique du Congo, Éric Androa Mindre Kolo est un artiste pluridisciplinaire proche par certains aspects du courant afro futuriste. Ses œuvres sont notamment marquées par l’actualité internationale et par la situation des populations du continent africain. Il est fondateur du collectif Bingo Cosmos, et Membre du CRIC, collectif d’artistes. Il a notamment été co-curateur de l’exposition Kinshasa Chroniques (Cité de l’architecture et du patrimoine, 2020).

Considéré comme l’un des plus importants performeurs de sa génération en Afrique centrale, Éric Androa Mindre Kolo invitera les visiteurs à participer à la performance qui ouvrira l’accès à son installation Convocation, conçue en résidence au Sénégal à l’occasion de la deuxième édition du OFF de Dapper lors de la Biennale de Dakar 2022.

Yohsikazu Goulven Le Maître

Installation composée d’une quinzaine de grenouilles en plastique Matériaux mixtes, 250 x 200 x 50 cm      

Les grenouilles sont des amphibiens qui vivent dans les milieux aquatiques et sont fréquemment associées à la pluie. Elles apparaissent dans les récits du folklore populaire ou enfantin comme des animaux tantôt répugnants et maléfiques, ou tantôt magiques et bénéfiques, rappelant ainsi l’ambivalence de notre rapport vis-à-vis de la pluie. De nos jours, la pluie « féconde et bienfaisante, synonyme de fertilité » est mise à mal par la présence de microparticules de plastique invisibles à l’œil nu. Cette installation présente un ensemble de grenouilles en plastique suspendues à l’intérieur d’une colonne composée de fils de nylon, ceux-ci dessinant la trajectoire des gouttes de pluie. Une nature qui semble piégée dans une cage aux fins barreaux et transparente comme la présence des microparticules. En écho aux pluies d’animaux,  mystérieux phénomène météorologique, cette installation illustre aussi bien nos joies, nos doutes que nos espoirs contemporains.

 

 

Yoshikazu Goulven Le Maître est né en 1995 à Fukuoka au Japon. Après une formation au DMA Metal à l’ENSAAMA Olivier de Serres à Paris, il obtient le DNSEP à la HEAR de Strasbourg en 2021. Sa pratique se tourne vers la sculpture et l’installation. L’artiste développe un travail autour de la récupération et la réutilisation de matériaux usagés qu’il sculpte pour donner naissance à un bestiaire aussi étrange que poétique. Par un geste instinctif entre tension et pulsion, il superpose les matières et les textures. Dans sa quête de réalisme, il cherche l’illusion de vie dans les objets du quotidien, afin de saisir leur altérité. Avec les matériaux en marge de nos circuits de consommation, il interroge le fonctionnement de nos sociétés. Son inventaire plastique dépeint ainsi un écosystème contemporain façonné d’artefacts, sous la forme de représentation du vivant, mais aussi de la nature.

Saba NIKNAM

Installation composée de 40 drapeaux
Broderie, peinture sur tissu et perles
600 x 40 cm

Cette installation s’inspire des croyances bouddhistes et du rituel des drapeaux de prières, qui repose sur l’idée que le vent emporte les prières vers le ciel. L’artiste a souhaité mettre en lumière quarante cérémonies de prières pour la pluie encore pratiquées de nos jours en Iran, pays aride où la sécheresse est un problème récurrent. Chaque drapeau symbolise un rituel implorant le dieu du ciel de faire tomber la pluie. Saba Niknam a choisi la broderie pour son aspect magique et symbolique. Dans de nombreuses cultures, le fil et l’aiguille sont utilisés comme un talisman. La répétition des gestes de broderie devient un mantra, une incantation pour que les pensées se manifestent dans la réalité.

Née en 1988 à Téhéran, en Iran, Saba Niknam est une artiste multidisciplinaire basée à Strasbourg. Fascinée par les mythologies, l’art populaire et les rituels du monde entier, elle célèbre par son travail la magie de la conscience collective et l’unité fondamentale de l’humanité. Depuis qu’elle a quitté l’Iran à l’âge de 19 ans, Saba navigue entre deux cultures, puisant son inspiration dans cet espace intermédiaire. Animée par le désir de préserver les connaissances ancestrales, elle mène des recherches approfondies sur les traditions oubliées. Son expression artistique se déploie à travers des dessins, des objets textiles, des marionnettes et des films d’animation, explorant ainsi les liens entre les cultures et les croyances. Ses œuvres ont été acquises par des institutions renommées telles que le musée du Quai Branly et le Frac Alsace.

Réka SZABO

Installation
Bois, 3 x 3 x 1 m

L’installation est constituée d’une structure en bois. Une goutte d’eau est formée par la « danse répétitive » des multiples éléments structurels. L’artiste a souhaité simplifier la structure autant que possible pour se concentrer sur le dynamisme, la répétition de formes vides et saturées, en donnant une fonction aux espaces libres créés par la méthode de construction. En effet, l’artiste invite le visiteur à s’installer au sein de cet autel afin de contempler le paysage alentour, de se retrouver en paix et en harmonie avec la nature.

Réka Szabó crée des œuvres d’art extérieures à grande échelle qui exercent une pression positive sur la société et la conscience environnementale. Elle réalise des œuvres qui s’intègrent dans le paysage, faites de matériaux naturels, fonctionnellement utilisables pour les visiteurs, sûrs et durables quant à leur structure. Ses œuvres cherchent à mettre l’accent sur l’immensité de la Nature et offrent l’opportunité de s’immerger dans le paysage sans fin. Elles sont le reflet de notre existence humaine afin de comprendre que nous ne faisons qu’un avec le paysage environnant que nous devons continuer à protéger.

Projets pédagogiques

Anaïs Dunn et l’école élémentaire de Wittelsheim

Le projet pédagogique « Sculpter l’Eau ! » proposé par Anaïs DUNN s’est déroulé entre le 3 et le 7 Juin 2024. L’artiste est intervenue auprès de la classe d’Hélène CHIAVUS, composée de 7 élèves de CE2 et de 13 élèves de CM1.

Les enfants ont découvert l’attention qu’Anaïs prête aux matières, à leurs déplacements dans l’espace, leurs reflets et leur transparence. Sa curiosité pour les phénomènes naturels leur a permis de mieux appréhender ses œuvres et son processus de création propre. La classe fut amenée à expérimenter les différents états de l’eau (solide, liquide, gazeux). En s’appuyant d’abord sur des supports papier, puis en volume, les participants ont recréé un parcours insolite du cycle de l’eau avec divers outils, comme des pompes à eau et des brumisateurs, mais aussi en manipulant de l’argile.

Ces ateliers ont permis aux enfants de comprendre le phénomène de la gravité de l’eau et les encouragent à s’approprier leurs représentations du monde pour déconstruire le paysage et effectuer des va et vient entre 2D et
3D mais aussi entre abstraction et figuration.

Eric Androa Mindre Kolo, Saba Niknam et le GEM La Source du Florival

Le GEM (Groupe d’Entraide Mutuelle) La Source du Florival est une association située à Guebwiller, accueillant des personnes adultes en situation d’isolement, de précarité, de fragilité et/ou de handicap psychique. Il s’agit d’un accueil de jour non médicalisé et non thérapeutique, un lieu de sociabilisation alternatif proposant des activités, des rencontres, des sorties. Cette année, La Source du Florival s’associe à la FEW pour monter un projet avec 2 artistes : Saba Niknam et Eric Androa Mindre Kolo.

Le projet artistique se décline en 2 parties. La première partie consiste en une phase de création individuelle de costume avec Saba Niknam en début d’année 2024. Cette dernière amène les participants à découvrir les différents rituels de la pluie dans le monde et selon les époques avant de les accompagner dans la confection de leur propre coiffe ou accessoire de

« Danse de la pluie ». Ensuite, une phase d’écriture chorégraphique et de construction de la performance fut proposée avec l’artiste Eric Androa Mindre Kolo au printemps. Chaque participant muni de son costume singulier est invité à créer une danse de la pluie dans le cadre d’une performance collective pour la restituer sur le parcours de la FEW lors du finissage du Dimanche 23 Juin.

Anna Voreux et l’école du Blosen de Thann

La plasticienne Anna VOREUX propose à Peggy Cucherousset et à sa classe de CP constituée de 25 élèves un projet artistique imaginé en 2 parties qui fut l’occasion pour les enfants d’explorer la danse et la pluie.

Dans un premier temps, les élèves ont été amenés à découvrir l’expression corporelle et les traditions autour de la ronde. Ils ont été initiés par l’artiste aux joies des gestes et mouvements du corps, et ont appris comment lâcher prise et percevoir le monde par l’intermédiaire de leurs sens. Dans la deuxième partie du projet, Anna Voreux a guidé les enfants vers une expérimentation plastique pour compléter l’approche corporelle de la danse. Les enfants ont été amenés à réaliser des compositions abstraites sur papier avec des pastels et des crayons aquarellables. Ces travaux rencontrent la pluie pour former un cercle de transmission coloré où les énergies de chacun fusionnent. Ce projet s’est déroulé en Avril 2024.

Léa Stosskopf - Dialogue d'images

Lien vers le document présentant les dialogues

En amont de la visite du parcours, une médiatrice  prépare un Dialogue d’images, une douzaine d’œuvres en relation avec le thème de l’année, sélectionnées dans différentes époques de l’histoire de l’art et dans les œuvres des artistes invités. Les œuvres sont présentées par deux, en mettant l’accent sur leurs ressemblances et leurs différences. 

Saba Niknam, le collège Remy Faesch et le Lycée Scheurer Kestner de Thann

Saba Niknam, plasticienne originaire d’Iran propose aux élèves du Collège Rémy Faesch et du Lycée Scheurer Kestner de Thann un projet artistique :« Préserver les Traditions à travers l’Art : Ateliers de Poupées de Pluie ».

En effet, l’artiste s’inspire des croyances et rituels de divers peuples du monde pour créer de nouveaux modes de narration et nous permettre une immersion dans différentes cultures dont la sienne. Diverses ethnies habitent l’Iran et dans chaque région, les populations pratiquent encore des rituels anciens pour invoquer la pluie dans ce pays qui a toujours été confronté au problème de la sécheresse.

Saba Niknam propose de s’inspirer de ces rites en accompagnant les jeunes dans la création de poupées de pluie ou d’autres objets sacrés.

Hermine ANTHOINE en Résidence

 

Cette année, la FEW a invité l’artiste Hermine Anthoine pour une résidence de création sur une durée de 10 jours en Avril. Les résidences d’artistes sont – comme les interventions d’artistes en milieu scolaire et/ou social – aussi une belle opportunité de rencontrer un artiste et de découvrir sa pratique de manière concrète.

Hermine Anthoine qui évolue principalement dans l’univers de la sculpture et de l’installation avait envie de créer une œuvre faisant appel à la participation de la population.

La FEW a transformé la gloriette de Wattwiller en atelier provisoire pour cette artiste qui -accompagnée de son fils Melchior, 11 ans – avait imaginé travailler autour d’un simple geste, un réflexe que nous avons tous, celui de mettre nos mains en coupe afin de réceptionner l’eau et la porter à sa bouche. C’est en référence à la météorologie qu’Hermine Anthoine décide d’intituler ce travail « Interception » domaine où ce geste est défini ainsi : le processus naturel par lequel une partie des précipitations est captée et retenue par la végétation puis évaporée sans avoir atteint la surface du sol. A l’ère de l’anthropocène où l’eau est devenue un enjeu majeur, Hermine a souhaité mettre en exergue comment l’Homme peut « recueillir » la pluie, littéralement à l’échelle de ses seules mains. C’est à partir de la prise d’empreintes de différentes mains qu’Hermine a pu réaliser cette transposition poétique de son idée de départ. Ce sont 47 personnes qui ont répondu à l’appel à participation de l’artiste, parmi eux, les adhérents de « Watt-tous en forme », des compagnons d’Emmaüs Cernay, des employés de la société Aquatec, des membres de la FEW et d’autres Wattwillerois. Avec enthousiasme et beaucoup de curiosité, ces volontaires se sont prêtés au jeu du moulage de leurs mains, individuellement ou en couple. Chaque prise d’empreinte fut réalisée grâce à une matrice en terre (argile blanche) dans laquelle les participants plongeaient leurs mains et ont donné corps à diverses formes modelées en négatif (ces creux ont été remplis avec du plâtre). Hermine a permis à ces personnes de passer un moment convivial, plaisant et instructif. Les retours des participants nous encouragent à réitérer ce type d’expérience car la FEW en est convaincue, l’art est une histoire de connexions, il permet avant tout une rencontre, avec les autres et avec soi-même.